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PORTRAIT Alumni_3_Jean Christophe ROUX (N 2001)

Portraits

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15/04/2025


Quel est le rôle que tu occupes aujourd’hui ?

Je m’occupe du département qui est en charge des fusions et acquisitions (M&A) pour le groupe Mars. C’est un groupe très international qui est généralement connu pour être un leader mondial de la confection avec des marques comme M&Ms ou Snickers, mais est désormais très diversifié. Mars est aussi très présent dans le pet food et le plus gros operateur de cliniques vétérinaires dans le monde. C’est un groupe détenu entièrement par la famille Mars et qui, avec plus de 50 milliards de chiffres d’affaires et 160,000 employés, est une des plus grandes entreprises privées dans le monde.

Dans mon rôle actuel, je reporte au Comité de Direction du groupe et au CFO. Mon équipe est composée d’une douzaine de personnes, basée au siège en Virginie, juste à côté de Washington où je réside. Nous nous occupons de tout ce qui est lié aux activités d’acquisitions, de cessions, et de partenariats pour l’intégralité du groupe. Je suis aussi impliqué sur nos activités de corporate venture (investissements minoritaires dans de jeunes entreprises) et je fais partie de notre comité d’investissement dans un fond de private equity avec un partenaire financier.

Mars réinvestit la plupart de ses profits dans l’entreprise, ce qui génère un niveau d’activité M&A élevé partout dans le monde et m’amène à beaucoup voyager.

 

Raconte nous ton parcours 

Parcours académique :

2004-2005 : ESSEC Business School - MS Techniques Financières, Corporate Finance

2001-2004 : Ecole Nationale Supérieure des Mines de Nancy

 

Parcours professionnel :

Période

Intitulé de poste

Entreprise

2017-à ce jour

Vice President and Head of Corporate Development

Mars

2010-2016

Investment Banking, Consumer and Retail - Londres & Chicago

Morgan Stanley

2007-2010

Investment Banking, Consumer and Retail - Londres

Citigroup

2005-2007

Investment Banking - Paris

Crédit Agricole CIB

 

Sur quels projets as-tu contribués ?

J’ai fait de la fusion acquisition toute ma carrière en banque d’investissement avant de rentrer chez Mars. J’ai couvert le secteur consumer et retail principalement, mais également d’autres industries. En tant que banquier, j’ai eu l’occasion de travailler avec la plupart des grandes entreprises dans mon secteur en Europe et aux Etats-Unis. Par exemple, quand j’étais basé à Paris et    Londres, j’ai eu la chance d’interagir avec Nestlé, Unilever et Danone. Aux Etats-Unis, basé à Chicago, j’ai pu travailler avec de grandes entreprises comme Kraft, Mondelez, P&G, PepsiCo, etc. Cela m’a permis d’être impliqué sur beaucoup de sujets très différents (financements, acquisitions, IPO, partenariats, sessions) avec des groupes très internationaux, de développer une sensibilité à différentes cultures, et de me constituer un réseau. Depuis que j’ai rejoint Mars en 2017, j’ai été impliqué sur des projets très variés, dont un grand nombre aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. Mars déploie plusieurs milliards de capital tous les ans en fusion acquisition. Récemment, j'ai dirigé la plus grande acquisition de l'entreprise, celle de Kellanova, un projet de 36 milliards de dollars, dont la finalisation est prévue pour le premier semestre 2025.

 

Quel impact a eu ton diplôme sur ta carrière ?

Je n’avais personne dans ma famille quand j’ai grandi qui travaillait en finance. Mes rôles modèles étaient tous ingénieurs. J’ai beaucoup aimé mon parcours scientifique, qui me sert toujours aujourd’hui, mais ai toujours été attiré par la finance et la stratégie d’entreprise. En école d’ingénieur, j’ai opté pour l’axe de mathématiques financières. C’était très intéressant mais plus focalisé sur la finance de marché. J'ai donc par la suite souhaité approfondir ma formation en finance d’entreprise avec un mastère à l'ESSEC.

Je n’avais à l’époque aucune idée de ce qu’était le M&A. C’est un peu par hasard, en parlant à des banquiers dans un forum de l’ESSEC, que j’ai réalisé que ça m’intéressait et ai décroché un stage au Credit Agricole. Un de mes amis à l’époque essaya de me convaincre de ne pas y aller en me disant « tu travailleras trop ! ». Ecoutant son bon conseil, je me suis dit que je pouvais faire ce stage pour avoir quelque chose d’intéressant à mettre sur mon résume avant de trouver un autre poste. Ce n’est évidemment pas ce qui se passa – me plaisant beaucoup dans l’équipe, j’y resta à l’issue de mon stage. Suite à cette expérience, j'ai saisi l'opportunité de travailler à Londres chez Citigroup, puis à Chicago avec Morgan Stanley.

Fort de ces expériences internationales et après une douzaine d’années en banques d’investissement, j'ai choisi de quitter le secteur bancaire pour rejoindre Mars, qui était mon client préféré en tant que banquier. Mars, par son aspect privé, est une entreprise assez discrète, avec une culture qui me plaisait beaucoup. C’est un groupe très international et diversifié, avec une très forte performance financière, mais aussi un désir d’avoir un impact positif sur la planète et les associés du groupe.

En bref, tous mes mouvements ont été un mélange de chance et d’opportunités. J’ai pris des risques de manière balancée mais j’ai su saisir les opportunités quand elles se présentaient, même quand il s’agissait de laisser derrière moi un pays ou cadre de vie confortable pour essayer autre chose.

 

Quelles sont les clés de la réussite dans tes missions ? 

Les prérequis essentiels dans les métiers de M&A incluent des compétences techniques comme la valorisation d’entreprise ou le financement. Avec l’expérience, on finit par apprendre beaucoup d’autre sujets : stratégie, taxe, gouvernance, ressources humaines, négociation, antitrust, etc. L'ouverture d'esprit et la curiosité sont aussi cruciales, car elles permettent de comprendre que les dynamiques humaines dépassent souvent les enjeux techniques et financiers, surtout dans des situations complexes, larges, et internationales. Je pense que ma formation d’ingénieur, ma passion pour ce que je fais et ma résilience m’ont aussi beaucoup aidé. 

 

Ton parcours en tant qu’inspiration : quels conseils pour les futurs talents ?

Je recommande vivement d'intégrer une expérience internationale dans un parcours professionnel. La plupart des dirigeants que je côtoie ont eu, à un moment ou à un autre, une expérience internationale dans leur carrière. Cela permet d’avoir une expérience plus approfondie, une meilleure compréhension des enjeux de société et plus de sensibilité sur d’autres cultures.

Je pense qu’il est aussi important de suivre ses passions pour pouvoir adopter une perspective où l'on aborde les choses difficiles avec intérêt. Par exemple, quand on démarre dans un rôle de junior en banque d’investissement, on peut voir le travail comme étant surtout de l’Excel et du PowerPoint. Une autre perspective est de se rendre compte que l’on aide des entreprises sur d’importants sujets stratégiques et financiers. Ce n’est pas un métier qui plait à tout le monde bien sûr, mais adopter une perspective positive sur les parties difficiles d’un métier, quel qu’il soit, est je pense important.

Au-delà de ça, j’encourage les jeunes diplômes à vraiment investir dans leur compréhension et usage de l’intelligence artificielle. Ce sera un atout différentiant pour les futurs talents car les évolutions dans ce domaine vont changer de manière significative notre capacité à faire plus de choses. Le concept de « super worker », où un humain est complémenté par de l’intelligence artificielle, est très intéressant. 

Je pense qu’il est très important de continuer son éducation tout au long de sa carrière. Au-delà des sujets techniques que l’on développe plus naturellement, le développement personnel est un énorme facteur de succès. Il est facile d’avoir une carrière qui bloque si l’on ne paie pas suffisamment attention à la façon dont on se développe en tant que dirigeant. Pour progresser sur ce front, on peut utiliser un coach, prendre le temps de réfléchir sur le retour que l’on a de ses collègues, et mettre en place un plan de développement annuel. Ce sont des moyens assez simples, mais qui peuvent avoir un impact important sur une carrière si pris avec sérieux.


Quelles sont les nouvelles opportunités que tu espères trouver et envisages-tu un retour en Europe à ce stade de ta carrière ?

Mars est une entreprise unique que j’apprécie profondément, en grande partie à cause de la culture et des valeurs défendus par la famille actionnaire et les associés. Compte-tenu de la croissance du groupe, avec beaucoup de capital à réinvestir en M&A ces prochaines années, je me vois rester dans mon poste pour un certain temps. Bien sur mon rôle pourrait continuer à évoluer en parallèle à l’évolution du groupe. Cela étant dit, si la bonne opportunité se présente, je serais ravi de revenir en Europe ou de m’installer en Asie pour quelques années. Je suis également intéressé par intégrer le conseil d’administration d’une entreprise en Europe car mon expérience pourrait y être utile, et réciproquement je pourrais apprendre un certain nombre de sujets pertinents pour mon rôle actuel. Je présente souvent au conseil d’administration de Mars et être « de l’autre côté de la table » serait très intéressant pour mon développement.

 

Un message pour conclure cet échange ?

D’un point de vue personnel, j’ai eu l’occasion de rencontrer mon conjoint David à Chicago. Nous sommes mariés depuis presque 10 ans et avons deux enfants : Margot (3 ans) et Sebastian (1 an), qui sont nés par GPA aux Etats-Unis . J’ai désormais une double nationalité française et américaine et n’aurais certainement pas pu prédire la vie que j’ai aujourd’hui en sortant d’école d’ingénieur. C’est amusant de voir à quel point certains choix personnels ou de carrière peuvent avoir un tel impact sur une vie.

Je n’ai fait mon coming out que plusieurs années après avoir fini mon parcours d’ingénieur. Quand j’y réfléchis, je n’étais pas prêt plus tôt, c’est un parcours personnel qui prend du temps. Mais j’en tire aujourd’hui deux leçons.

Tout d’abord, je pense qu’il n’est pas toujours facile d’être soi, ou de savoir vraiment qui l’on est quand on débute sa vie d’adulte et sa carrière. Je souhaiterais encourager tous les futurs talents à essayer de montrer leur personnalité et faire part de leurs valeurs dès le début de leur vie professionnelle. Être soi au travail comme dans sa vie personnelle, même si cela peut apparaitre comme une prise de risque, est je pense un catalyseur de succès important sur le long terme.

Et pour conclure, je suis convaincu que la diversité est cruciale au succès d’une entreprise. C’est très important pour aborder des sujets souvent complexes avec des perspectives variées. Je parle de diversité au sens large, qui inclut différents parcours, personnalités, nationalités, et bien sûr la mixité homme femme. Malgré l’environnement actuel aux Etats-Unis, il y a je pense plus de parité entre hommes et femmes dans les postes seniors, comités de direction et conseils d’administrations que dans d’autres pays, où il reste du progrès à faire. J’essaie à mon niveau d’avoir un impact quand je le peux et mes conseils externes (banques, cabinets d’avocat, etc.) ont un devoir d’avoir des équipes diversifiées pour travailler avec moi et avec mon équipe. 


 


  

 


 


 

 

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